Chers lecteurs, chers admirateurs, chers amis (tout ça aussi au féminin, parce qu’on est des filles et qu’on le vaut bien),

Il est temps de mettre un point final à ce carnet de route. Cette expérience à travers le Jura fut une merveilleuse aventure que je ne suis pas prête d’oublier. La partager avec vous au travers de ce blog m’a donné beaucoup de courage dans les moments plus difficiles, mais fut également une source de motivation pour avancer sur les crêtes et entres les murs... Un grand merci pour tous vos messages et clins d’œil, ainsi que pour toutes les carottes, pommes et autres sucres que vous avez eu la gentillesse de me faire parvenir.

Ici au Noirmont, c’est le déluge: le ciel est en train de nous tomber sur la tête. Je vais boucler mes valises et prendre le chemin du retour. Pas à pied, mais en van. Myriam me ramènera à Corserey (merci m’dame!) où je me réjouis déjà de retrouver tous mes petits amis, y compris mes trois potes les ânes, à qui je devrai quelques explications ;-)

Hasta luego

Maguy

Il pleut. Ça sent le retour. Comme le temps est à l’orage, je me suis contentée d’une petite promenade en ville. Lèche-vitrine et désherbage de bordures en règle. Puis carottes au box. Pour me remercier de ces deux semaines de labeur et du bon compagnonnage, les deux bipèdes m’ont invitée chez Wenger, oui, le Georges, grand chef étoilé. J’ai eu droit à ma petite carotte du jardinet fraîchement cueillie et servie sur assiette par la main gourmande du grand cuisinier! Tcheu la classe!

Le soir, re-de concerts. Ça bouge bien avec Asian Dub Fondation (presque un peu trop pour moi). En fait, ces trucs de jeunes, c'est pas trop "my cup of tee". Du haut de mes dix ans, je suis déjà presque une vieille. Je suis du moins assez mûre pour apprécier comme il se doit tout le talent à six cordes de Keziah Jones. Move your body!

J’ai envie de me dégourdir les jambes. Ça tombe bien: mes compagnons à deux pattes sont déjà en train de me bâter pour la dernière étape de notre traversée du Jura, oui, la toute dernière. Pour cet ultime effort, nous allons passer par la Chaux d’Abel, dire bonjour à la patronne de l’Auberge de l’Ours aux Bois qui nous a gentiment prêté sa carte topographique de 1976 (!), continuer sur le Creux des Biches et atteindre la destination finale de notre périple, à savoir Le Noirmont. Waouw! Beau programme! Sauf que ce sera impossible de le tenir. La faute aux parcs à vaches et aux chemins qui sont figurent bien sur notre carte mais qui n’existent plus depuis belle lurette.

J'ai trouvé des éoliennes, mais pas de panneaux jaunes du tourisme pédestre...

Quelle galère! Des contours, des détours et des tonnes de chevaux à nos trousses. En traversant un pâturage, pas loin de la Chaux d’Abel, j’ai été rattrapée par une horde de Franches-Montagnes (il devait y en avoir bien trois bonnes douzaines). Je nesavais pas que les écuries de la région étaient connectées à internet et que j’avais autant de fans! J’ai été impressionnée, pour ne pas dire un peu troublée par toute cette excitation. Heureusement que Cathy était là pour protéger mon popotin des narines un peu trop curieuses de mes admirateurs. C’est comme ça quand on est une star.

Y paraît que c’est le jour de la fin du monde. Ici à La Ferrière, le ciel est gris, mais il ne va tarder à se découvrir. J’ai super bien dormi dans la paille de la ferme «Sous les Planes». Cathy et Cookie ont fait la grasse matinée. Vu que la fin des vacances approche, ils ont décidé de lever un peu le pied. Aujourd’hui, c’est vacances à la ferme. On va faire une petite balade dans les environs sans bât ni sac à dos. Quel bonheur de marcher sans rien sur le dos: on se sent léger comme l’air. A midi, j’ai eu la visite des parents de Cookie et de leur toutou Onyx.

Vreni et Claude m’ont apporté quelques pommes… Quel régal! J’ai profité du grand air autour de la ferme et immortalisé les animaux de la basse-cour pour vous offrir un joli album photo.

Isabelle et Paul sont adorables. Ils sont aux petits soins pour moi. J’aurais presque envie de passer le restant de mes jours ici. Mais je ne suis pas certaine que Cathy et Cookie sont prêts à partir sans moi… On verra tout ça demain, après une nuit de repos dans le box de mon copain l’âne de la ferme aux enfants. Bonne nuit!

Pffff…. Rrrrrrrrrrrr……. Bllllll……. Je suis toute barbouillée. La faute aux trèfles à quatre que j’ai chassés toute la nuit. J’en ai le ventre tout gonflé. Il paraît qu’il n’y a rien de tel que la marche pour digérer ses excès et se remettre d’aplomb après une nuit de folie herbagère.

On quitte Le Locle et on se dirige vers La Chaux-de-Fonds. Tunnel de la Vue-des-Alpes, chemins de fer, autoroute, giratoires, c’est le rendez-vous des grandes voies de communication. On traverse tout ça en faisant bien attention de ne pas se faire écraser (mais oui, papa André, j’ai bien regardé de chaque côté avant de traverser). Pause de midi à la ferme des Brandt, où j’ai jeûné derrière la grille du restaurant.

Alors que nous faisions le tour du propriétaire, le téléphone a sonné. Excellente nouvelle: la famille Tribut remporte le premier prix du concours des terrasses du Jura! Youhou!

Il y a la terrasse, mais l’intérieur de la demeure, qui a été construite au XVIIe siècle, est pas mal non plus. Côté carte, le patron met l’accent sur la proximité et la fraîcheur des produits: tout est maison. Il propose notamment un cochon de lait rôti au four à pain dans un jus de bière des Franches-Montagnes, une cuisse de lapin fermier aux pruneaux ou encore des joues de veau doucement mijotées. Là, vous allez dire qu’en tant que mule, j’exagère un peu. Surtout après mon orgie de trèfles. Mais jetez tout de même un œil à mon album photo («la ferme des Brandt») et surtout notez bien l’adresse:

Cyrille et Heidi Tribut, Petites Crosettes 6, 2300 La Chaux-de-Fonds, tél. 032 968 59 89.

Si vous y allez, saluez-les bien de ma part!

J’en ai marre d’attendre dans mon enclos. Il est 7 heures. Travers s’éveille. Je vais aller voir ce qui se passe au village. Et hop! Je file à Travers le fil. Soudain, une moto me rattrape. C’est Zorro, sur sa monture d’acier. Pas le choix, je dois faire demi-tour. Et voilà que j’aperçois Cookie en caleçon de nuit, longe à la main. Je fais un petit détour par le box et c’est parti pour… 7 heures de randonnée. J’ai la top forme! Droit en haut les Monts de Travers, direction Martel Dernier.

J’ai croisé mes premières autruches au Crêt Pellaton: peur bleu de ces énormes oiseaux préhistoriques. Petite halte au Café des Poneys, où Cookie à fait une rencontre inattendue et pour le moins chanvrée avec Jean-Pierre Egger. Il aurait volontiers fumé l’avocat du cannabis agricole suisse qui de baladait en moto, mais j’ai préféré m’interposer afin d’éviter qu’ils se mettent en pétard.

Petite photo avec la patronne du restaurant des poneys:

J’ai fait la grasse matinée sous l’abri à Pascal. Mes deux patrons aussi. Sont arrivés vers 10h30. Paquetage et départ vers Travers, le long de l’Areuse. Passage à Couvet et aux mines d’asphalte du Val-de-Travers.

Ah, j’allais oublier le plus important. Un automobiliste du dimanche, vraisemblablement pressé et un peu aviné, a voulu forcer le passage alors qu’il y avait juste la place pour moi et mon chargement. Espèce de bachibouzouk, fer à bricelet des îles! Il a même essayé de me pousser avec son pare-choc. J’ai fait le forcing et finalement remporté la bataille, marquant la victoire en essuyant mes fesses sur le flanc de sa bagnole! Arrivée à Travers, où nous avons rejoint le gîte de Tomahawk, un domaine indien bardés de tipis situés sur les hauteurs du village.

Il est 16h. Cookie tente de joindre les Indiens par téléphone. Le répondeur dit qu’ils sont partis à la chasse. On va les attendre, ils finiront bien par rentrer. Trois heures et quelques minutes plus tard (j’ai fait le tour des sept enclos et goûté à toutes les herbes de la réserve), on décide de changer de tactique: on embarque toutes nos affaires et on met le cap sur la ferme de la Coué. Et c’est reparti pour une petite virée à travers Travers (je ne pouvais pas la louper, quand même). Accueilli en grandes pompes sur les hauts du village, je vais passer la nuit aux côtés de deux monstres cousins du genre cabalum gigantum et d’un petit âne gris. Les patrons sont rompus à l’accueil: ils font l’école à la ferme et aventure sur la paille. Je suis entre de bonnes mains.

Réveil sous la pluie. Il n’y aura qu’une averse aujourd’hui. C’est le jour des visites. J’ai fait connaissance avec mes admirateurs du blog. Les premiers qui ont débarqués sont Maeva, Myriam et Christophe. Suivront une ribambelle de fans (voir l'album), qui iront s’abriter dans la grande salle du café de la Raisse.

Le bâtiment - qui était à l’époque un hôtel - abrite en son sous-sol une distillerie de… fée verte. La production - tout à fait légale depuis 2005 - est présentée à mes amis durant un court long exposé que j’ai organisé tout exprès pour eux. Merci Monsieur le tavernier.

Après les "au revoir", Cathy et Cookie me remplissent mon assiette de foin et filent à Ste-Croix où ils vont à nouveau profiter de l’hospitalité de Claudine et Jean-Claude. Les petits veinards!

Vendredi, jour de fugue. Une semaine après ma petite échappée belle sur les pentes de la Dôle, j’ai décidé de goûter à nouveau aux joies de la liberté. Aidée par une main (in)visible, j’ai réussi à m’échapper de mon petit parc électrique. «Z’êtes où, mes amis?» Convaincue d’avoir été abandonnée, j’ai fait le chemin de la veille à rebours. Aussi fière que le coq de France, j’ai traversé la moitié du village sur le trottoir. Bien des gens ont essayé de m’attraper. Je ne voulais pas changer de propriétaires! Soudain, une auto rouge et un véhicule de police surgirent de la nuit, ah non, ça c’est la chanson de Zorro. Les voitures sont arrivées juste derrière moi. Et dans l’une d’elle, y’avait Cookie, mon ami le grand poilu. On est gentiment retourné ensemble à la maison. Et ce n’est que vers midi que nous avons enfin pris le chemin de Fleurier.

Moi et Cookie devant la maison de Claudine et Jean-Claude:

Pour notre journée portes ouvertes demain, samedi 6 septembre, nous serons à Fleurier, dans le Val de Travers. Nous poserons notre camp chez Pascal Thiébaud. En venant de Buttes, prendre la première route à droite, direction le "home". Suivre cette direction jusqu'à la forêt (passer les villas et longer le ruisseau). Vous atteindrez alors le café de Raisse, dans lequel nous vous attendons. A 14h vous attend une petite surprise. N'hésitez pas à m'appeler au 079 280 89 11. Me réjouis de vous rencontrer! Hi han!